Mardi 21 juin à 14h30 heure locale (18h30 heure française), je pris le bateau d’une ligne régulière pour descendre à Qaqortoq, préférence dictée par mon budget car deux fois moins cher que par voie aérienne. L’arrivée était prévue à 23h59 le mercredi 22, mais c’était sans compter sur la successibilité de Poseidon qui en décida autrement en demandant à Eole, un vent du Sud très soutenu, de soulever la mer avec des creux de 3 à 4 mètres, seulement dix heures après notre départ. Je résistais une bonne partie de la nuit en entendant défiler les passagers ayant le mal de mer dans les toilettes juste à côté de ma couchette, mais n’y tenant plus, je pris le même chemin et mon dîner avec. Étant inutile de m’allonger pour trouver un sommeil qui me fuyait dû au tangage du bateau et aux ronflements d’ours polaire d’un esquimau bien en chair installé sur la couchette voisine, je me résolu à passer le plus de temps possible sur le pont, agrippé à une barrière en fixant les rochers non loin de là. Que les heures me paraissaient interminables, seul, le visage fouetté par des rafales de vent et ses embruns qui balayaient le pont. Un moment de répit lorsque le bateau quittait la mer du Labrador et entrait dans les fjords pour des escales. J’en profitais alors pour rejoindre ma couchette, mais c’était peine perdue, dès que l’on repartait et que le bateau revenait à la fête foraine, je me retrouvais dehors après avoir fait une escale aux toilettes. Le capitaine prit certainement la résolution de changer d’itinéraire en restant dans les fjords pour éviter la tempête et cela jusqu’à Qaqortoq où l’on arriva avec 6 heures de retard. Après avoir passé 29 heures sans dormir, sans boire et sans manger, en écoutant les ronflements d’un ours polaire, vous imaginez ma libération une fois à terre! Kim, un ami, m’accueillit et après avoir bu un sirop chez lui afin de me réhydrater, il me donna les clés de l’appartement de son ami Mogen. Qaqortoq étant construite en pente et l’appartement s’en trouvant au sommet, je dû puiser dans mes réserves pour y arriver. Un dernier regard à ce bateau qui m’avait emmené et que je voyais amarré, là-bas, au port, et je me dis qu’à refaire, je prendrais l’avion et l’hélicoptère pour venir ici, et même que je donnerais un gros pourboire au pilote. Une bonne douche fut la bienvenue et le canapé me tendit les bras. Malheureusement, je ne pus trouver le sommeil. En fin d’après-midi, je décidais d’aller voir mon bateau, mais ne trouva personne pour ouvrir le hangar où il était à l’abri depuis l’automne dernier. Le rendez-vous est pris pour demain matin. Après avoir fait quelques courses, je m’en retournai à l’appartement où j’écris ces quelques lignes, me rappelant cette tempête et me disant que si j’avais été en mer, maintenant, avec MY Way, cela aurait été catastrophique si près des côtes du Groenland. D’où l’importance de partir avec une excellente météo sur plusieurs jours. Donc j’espère que Poseidon, après m’avoir fait une bonne blague, bientôt m’accueillera comme un invité. Takuss.
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