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La petite fille qui pleurait

Petite fille de l'île de Saint-Vincent,
Tu viens aujourd'hui d'avoir tes dix ans,
Et tu pleures ce baleineau et sa maman,
Qui gisent près de toi, dans cette Mer de sang.

Tu te souviens, il n'y a pas si longtemps,
Ou peut-être quelques années auparavant,
Tu en avais vus, près d'une île sous le vent,
Ta mémoire aujourd'hui se perd dans le temps.

Tu étais amoureuse à en perdre la voix,
Tu riais de joie de les voir si près de toi,
Tu étais trop jeune pour les accompagner,
Mais un jour tu nagerais à leurs côtés.

Tu gardais de la vie le meilleur des visages,
Faisant de ce monde un magnifique paysage,
Que tu survolais toute heureuse sur ton nuage,
Tu ne pouvais supporter un oiseau en cage.

Mais tu appris bien vite que l'homme est un sauvage,
Assurant pour notre terre un futur de ravage,
Où nos descendants auront pour seul héritage,
Une Nature magnifique, dans les livres d'images.

Dans tes rêves où tu te réfugiais souvent,
Tu étais la "Vengeresse" au masque d'argent,
Et tous les animaux que tu aimais tellement,
Venaient se protéger, dans l'Arche comme avant.

Ton regard aujourd'hui se remplit de haine,
À l'égard de cette cruauté envers les Baleines,
Tueurs à la peau claire ou métissée comme la tienne,
Tu sais qu'ils ont le coeur sombre comme l'ébène.

Aujourd'hui tu pleures tes Amis en secret,
Parce que des hommes ont fait une loi sans regret,
Et si Dieu par Amour, a donné une âme à notre corps,
Pour certains d'entre nous, Il doit bien le regretter encore.

Mais tu sais qu'un jour au Jugement Suprême,
Tous les faiseurs de misère seront punis à l'extrême,
Tu penses qu'ils brûleront en enfer, jusqu'à l'infini,
Pour avoir sans scrupule massacré tant de vies.

On te dira certainement un peu plus tard,
Que dans notre existence il y a bien plus important,
Que de s'occuper de la baleine ou du léopard,
Qu'il y a des gens qui meurent, dont beaucoup d'enfants.

Tu répondras à ces personnes sans aucun détour,
Qu'il n'existe pas de problème sans solution,
Et que si toute l'humanité était faite d'Amour,
Le bonheur serait partout, comme aujourd'hui la pollution.

Là-bas sur ton île, petite fille de Saint-Vincent,
Ton chagrin inconsolable touche certainement,
Le coeur du bébé cétacé et de sa maman,
Qui de leurs étoiles te regardent tendrement.

Ces quelques mots jetés au gré du vent,
Je te les ai promis à toi la Baleine et à ton Petit,
Le jour où j'étais là, témoin malheureux, impuissant,
De la décadence des êtres "humains", comme on le dit.

Je dédie aussi ce poème écrit dans la colère,
À cette petite fille que j'ai vu pleurer,
En espérant pour elle que demain la Mer,
Redevienne enfin bleue, pour l'éternité.

Avant de reposer ma plume au soleil couchant,
Je veux dire à nos têtes pensantes, à nos présidents,
Qu'ils regardent autour d'eux, les larmes des Enfants,
Que dans leur pantalon, ils montrent qu'ils en ont vraiment.

(La petite fille qui pleurait. Copyright © Didier Bovard 2002)