didier aventurier
L'Univers de Didier Bovard (InDy) didier artiste
 

Récit hebdomadaire et illustré de la traversée 2001

   
  Semaine 1
Le 20 janvier 2001 à 12 heures GMT, Didier s'élance enfin du sud de la grande Canarie pour sa traversée de l'Atlantique en pédalo. Son objectif est désormais de rallier les Antilles et de poursuivre son aventure jusqu'à Memphis, patrie du King Elvis Presley. Parti dans de bonnes conditions avec un moral d'acier, Didier parcours 60 km dès la première journée. Confronté très vite à une forte houle, il dort peu et souffre du mal de mer, mais soutenu par une bande de dauphins, son moral reste bon. Entre les beaux couchers de soleil et le ciel bleu, Didier, en manque de sommeil permanent, lutte contre la houle et un vent de force 4 à 6 nord. Déja plus de 50 heures de pédallage, le mal de mer est toujours présent, la navigation difficile, mais sa rencontre avec une tortue et des hirondelles de mer, les messages qui lui parviennent régulièrement, donnent à Didier la force et la foi nécéssaire.
 
  Semaine 2
Il semble que Didier ait mis un tigre dans le moteur de son pédalo. En effet, dès la fin de la première semaine il avait déjà parcouru environ 450 km, et à l'heure actuelle plus de750. Cela ne doit pas faire oublier une navigation très difficile due à une météo défavorable. La houle très forte empêche toujours didier de dormir comme il le devrait, favorisant ainsi un excès de fatigue. Pourtant, la vigilance doit être de règle, car le moindre incident peut être désastreux: Didier s'est offert une grande frayeur lorsque "My Way" s'est couché sur tribord en raison d'une mauvaise vague. Le capot ouvert, notre savoyard a eu les reflexes nécéssaires pour se sortir d'une situation critique. Toujours dans l'attente d'une meilleure météo, Didier, accompagné épisodiquement par des animaux marins est réconforté par des messages de plus en plus nombreux transmis par le canal des Cibistes qui le suivent. Il continue sa route et son pari.
 
  Semaine 3
A l'issue de la deuxième semaine, le "compteur" de Didier affichait fièrement plus de 1000km et 485100 tours de pédalier. Pourtant, pendant ces quinze premiers jours la météo ne fut pas son alliée: la houle et la fatigue commençaient à peser sérieusement sur notre navigateur. Dès le 3 février, sous un ciel dégagé et par une mer plus calme, Didier s'alimente enfin normalement. Le moral ainsi retrouvé, il taille sa route à la force des mollets, veillé comme il le dit, par sa bonne étoile. Pensant un instant croiser les bolides du "Vendée Globe", Didier n'aperçu en fait que la lueur d'un bateau de pêche qui remontait vers le nord. Seul un petit souci mécanique, et intermittent, au niveau du pédalier l'a quelque peu gêné. A ce jour Didier a reçu plus d'une centaine de messages dont ceux envoyés par toute une classe de CE2 d'Iracoubo (Guyane française). La méteo est, hélas, redevenue instable, et les creux sont à nouveau de 4 à 5m. "My Way" lutte contre les éléments, mais sa fantastique progression laisse espérer une traversée d'environ 70 jours. Encouragé par sa "petite sirène du lac", ses proches, ses amis et des inconnus, suivi depuis peu par ses "copines" les daurades, notre savoyard assure la cadence qui le mènera au bout de son rêve.
 
  Semaine 4
Depuis le départ de cette traversée, Didier a connu des conditions de navigation difficiles liées à une météo capricieuse, voire même un tantinet grincheuse. "My Way" n'est pas epargné, et subit continuellement l'assaut des vagues, toujours fortes de 4 à 5 m. L'éclairage de bord mis à mal par une mauvaise lame oblige Didier à jouer les éléctriciens. Une autre vague aussi sournoise transforme, d'abord, notre Savoyard en trapéziste, puis, en femme de ménage afin d'éponger la quantité d'eau non négligeable embarquée au cours de la manoeuvre. Son orteil à également reçu la visite d'un couteau ouvert, sans grand dommage, fort heureusement. Mais d'autres situations plus cocasses viennent ajouter un peu de bonne humeur à cette aventure: en raison d'une grande chaleur, Didier, vêtu uniquement d'un chapeau de cow-boy et d'une montre, joue les "stars" de première page de certains magazines; la St Valentin carbonise son omelette. L'Océan enfin calmé, notre navigateur, se transforme alors en homme d'intérieur et met un peu d'ordre dans "My Way". Des vents de sable venus du Sahara donnent au bateau une teinte jaunâtre, amenant ainsi un peu de terre sur cette immensité bleue. Chaque jour, le même rituel: toilette, exercices musculaires, relevés et communications radio. La cerise sur le gâteau reste néanmoins pour Didier l'écoute de la transmission des messages envoyés par tous ceux qui le suivent. Déjà de presque tous les coins du globe, encouragements et soutiens affluent. A l'image des enfants d'Iracoubo, ceux de l'école Victor Hugo d'Aubagne ont eux aussi pris part à l'aventure et au suivi. En cette fin de 4ème semaine, et au lendemain de la fête des amoureux, Didier vient de passer le cap des 1700km, soit le tiers de la distance totale, et ce avec plus de 500km d'avance sur son tableau de marche.
 
  Semaine 5

La tenue de Cow-boy a vécu, et Didier reprend son uniforme de cycliste des mers bien plus efficace contre une petite allergie provoquée par la transpiration. Le coq ayant manqué à tous ses devoirs, notre navigateur se laisse aller à une grasse matinée, pour se hâter ensuite de rattraper le retard. Envie de pâtes, certes, mais les cuire en équilibre sur un bateau ballotté par la houle relève parfois de l'exploit, et encore une fois, Didier passe son diplôme avec succès. Même en plein milieu de l'océan l'inattendu peut se produire, comme un papillon qui se pose sur "My Way" à plus de 600 km des iles du Cap Vert. La traversée se poursuit dans de meilleures conditions météo, mais de fortes chaleurs rendent pénibles les heures de pédalage quotidien. Enfin un signe qui ne trompe pas : dauphins et poissons volants, avertissent Didier de la proximité des Alizés. Un nouvel et grave incident de pédalier nous a laissé sans nouvelles pendant deux jours. Fondant en larmes mais avec la rage au coeur, notre savoyard au bord de l'abandon, démonte et remonte sans résultat toute sa mécanique, puis après une plongée sous son bateau, réussit à localiser et à réparer la panne folle : un long et large ruban de plastique paralysait l'arbre de l'hélice ! Relancé sur sa route, mais attentif au moindre bruit, Didier, compte après un mois de traversée, plus de 2000 km à son actif.
 
  Semaine 6
On pouvait penser qu'après les graves ennuis de l'appareil propulseur de "My Way", un peu de clémence céleste vienne enfin apaiser notre "McGyver" des mers. Les instances divines non satisfaites de cette dure épreuve, lançaient encore une de leur balle dans le jardin de Didier, s'en prenant cette fois-ci, à la batterie du système de communication, Fil d'Ariane de cette traversée. Ces situations critiques, donnent également à Didier l'occasion d'expérimenter ses talents de cinéaste, fixant ainsi sur vidéo ses opérations de réparation. "My Way" vient de franchir fièrement le milieu de l'Atlantique, et peut-être que les goélands qui survolent en cercle l'embarcation ne sont en fait que des témoins chargés de vérifier l'exploit en cours. La chaleur devient maintenant un lourd handicap obligeant notre Savoyard à pédaler dans des vêtements gorgés de sueur, qu'il doit régulièrement essorer. Le mélange fatigue-chaleur et l'étroitesse du bateau pèsent sur Didier qui, cherchant par conséquent à se décontracter et à s'aérer, perd quelque peu conscience, fort heureusement.sans conséquences. Couvert de plaques rouges dues à une forte transpiration, mais rassuré par une radio de secours embarquée au dernier moment, encouragé et soutenu par des messages pleins de gentillesse, d'admiration et d'humour, Didier propulse "My Way" dans la deuxième moitié de l'Océan. Cette semaine, les enfants de l'école publique de la Chapelle d'Abondance sont venus en renfort avec leurs questions et leurs encouragements. Déjà plus de 1.178.100 tours de pédalier et encore quelques 2650 km à effectuer avant d'arriver aux Antilles.
 
  Semaine 7
Au bout de 40 jours de mer, Didier baisse symboliquement la tête en passant sous la ligne invisible marquant la moitié de la traversée, puis se livre à la petite cérémonie des "bouteilles à la mer". Tous les messages confiés au navigateur avant son départ par les enfants des écoles et par sa petite "Sirène du lac", sont ainsi dispersés au milieu de l'immensité bleue. La faune marine ayant élu domicile autour de "My Way" se livre quotidiennement un combat pour la nourriture: il semble que les restes des repas de Didier soient très recherchés. Sans couverture nuageuse, de fortes températures obligent notre savoyard à se réveiller très tôt, et à donner ses premiers coups de pédale , à "la fraîche", dès 4h du matin. La mauvaise propagation actuelle des ondes radio, coupent quelque peu les facilités de communication entre Didier et tous ses amis à terre, et la lecture vient pallier temporairement ce manque. Le titre évocateur "La rage" de Stephen King, montre à quel point notre aventurier est plus que jamais déterminé à vaincre. La météo de ce week-end risque d'être difficile, car une houle venant du nord apporte avec elle des creux de 3 à 4m. Livré aux vents et aux courants, "My Way" file pour l'instant beaucoup plus au sud que prévu, et ce n'est qu'au 50e Ouest qu'une décision sera prise sur le point d'arrivée dans l'arc des antilles. Les mollets de Didier mémorisent déjà plus de 3010 km sur les 5300 km estimés, mais la chaîne mue par leur énergie a encore et toujours besoin de la chaîne d'amitié mise en place autour de notre navigateur.
 
  Semaine 8
54, nombre quelque peu incroyable quand on pense qu'il représente les jours de navigation depuis le départ des Canaries. Et pourtant cette semaine ne fut pas de tout repos pour notre héros qui, de nouveau, confronté à une mer très mouvementée et des vagues croisées en tous sens, fut considérablement gêné alors qu'il s'activait à rectifier sa dérive vers le sud. Dans ces conditions difficiles, Didier en bonne forme, s'autorise néanmoins à manger chaud tout en restant prudent et conscient des risques qu'une eau bouillante et instable peut engendrer. Les horaires se sont un peu modifiés, et notre navigateur lance sa machine vers les 6h 15, en grignotant quelques "pelletées" de nourriture afin de "relancer la chaudière". Un contact radio depuis la Guadeloupe fait savoir à Didier qu'il pourrait bientôt se trouver au milieu des plus grands mammifères de notre globe : la saison des amours pour les baleines vient en effet de commencer dans les eaux chaudes des Antilles. Depuis le début de la traversée, notre savoyard n'a jamais été seul, et ce non seulement grâce aux messages envoyés régulièrement par ses proches et amis, mais également grâce à tous les radioamateurs nationaux et internationaux investis de près ou de loin dans cette aventure. Un petit clin d'oeil à l'un d'entre eux, Daniel, "l'Ange des ondes", le "Señor méteo", qui tel un véritable poisson pilote accompagne Didier. En cette fin de semaine, Eole et Poséidon ont fini par se calmer, et "My Way" vient enfin de reprendre la bonne direction fixée au départ, entamant ainsi les derniers 1900 km.
 
  Semaine 9
S'il est une certitude, c'est qu'en mer il n'y a jamais de certitude. On pensait "My Way" enfin reparti sur un rail nord, et pourtant, à peine quelques heures après la fin d'une dérive sud incontrôlée, les Dieux que l'on croyait rassasiés se sont remis à table, repoussant ainsi l'embarcation vers le sud. Cette acalmie aura au moins permis à notre héros de profiter d'une petite pluie bienfaisante afin de débarrasser son corps du sel qui le couvrait. Les jours qui s'annoncent risquent d'être cruciaux en ce qui concerne le point d'arrivée de Didier, car il semble bien que Dame Météo soit très changeante et ne veuille pas toujours traiter à l'amiable avec notre navigateur. Comme si cela n'était pas encore suffisant, les ondes radio se propagent assez mal, gênant ainsi les conversations, ô combien importantes, entre le patron de "My Way" et ses contacts à terre. Dans ces heures difficiles, tous les messages sont les bienvenus, car ils aident pleinement à panser les plaies morales de Didier qui a un énorme besoin d'encouragements. Une fois passé les 50e ouest, notre savoyard entrera alors dans le dernier carré des 1000km qui l'emmènera tout droit vers la ligne d'arrivée, mais sur quelle île mystèrieuse débarquera-t-il, c'est peut-être ce que la semaine à venir nous fera découvrir.
 
  Semaine 10
Au début de la semaine, "My Way" poussé moins violemment que quinze jours auparavant vers le sud par les courants, continuait sans faillir sa course vers l'arc antillais. C'est alors un Didier Bovard en bonne forme physique et morale, qui malgré la chaleur, joue allègrement des mollets en sentant bientôt le parfum du port. Notre navigateur doit en permanence ouvrir le bon oeil afin de s'assurer qu'aucun navire ne croise sa route, surtout à l'approche d'une intersection de lignes maritimes comme ce fut le cas. Tous les soirs, après un dernier petit coup de lorgnette à l'horizon, Didier se prépare à sombrer dans les bras de Morphée. A la faune habituelle et toujours présente autour de "My Way", viennent s'ajouter de nouveaux spécimens, tels des thons en chasse, des poissons volants, des goélands et au grand bonheur de notre savoyard, un clone de "Chocolat-noisette", compagnon légendaire de sa dernière traversée. La transparence de la fine membrane des poissons volants donne parfois une image presque irréelle des magnifiques paysages marins aux couleurs flamboyantes. La propagation radio n'est hélas pas toujours idéale, mais l'avancée actuelle de Didier et la sensible remontée vers le 15e nord grâce à un vent d'est-sud-est, place l'embarcartion à environ 1250 km de l'arrivée.
 
  Semaine 11
Difficile de présenter un résumé hebdomadaire quand les nouvelles de notre navigateur se font rares, résultat direct de la très mauvaise propagation des ondes radio. Assurant une moyenne de 50 km par jour, Didier se rapproche assez vite des Antilles, et les derniers 1000 km le menant jusqu'au 61e Ouest, ligne d'arrivée virtuelle de cette palpitante traversée, seront bientôt avalés d'ici 15 jours. Il semble que "My Way" représente l'hôtel flottant idéal pour une certaine faune qui rend régulièrement visite à notre Savoyard. Un couple de sternes, oiseaux palmipèdes à tête noire et à dos gris, a semble-t-il loué une partie du pont de l'embarcation afin d'y passer un agréable voyage de noces. "Bonnie and Clyde", comme les a surnommés Didier, vivent ainsi tranquillement leur idylle, n'hésitant pas à le réveiller vers quatre heures du matin, par leurs jacassements passionnés. De sympathiques messages, pleins de curiosité et d'encouragements, ont été envoyés à Didier de la part des élèves de l'école de la Chapelle d'Abondance, de même qu'un compte rendu "questions-réponses" préparé avant cette aventure par 24 élèves de l'école Victor Hugo à Aubagne. La destination finale reste toujours plus ou moins une interrogation, même si le nom de Pointe-à-Pitre a récemment été évoqué : un courant favorable suffirait encore à remonter "My Way" vers le nord, alors si Eole et Poséidon désirent faire un petit effort, on ne leur en voudra pas !
 
  Semaine 12
Après plus de 82 jours de navigation palpitants et pleins de rebondissements, " My Way " est véritablement en vue des Antilles. Traçant sa route à des moyennes avoisinant parfois les 70 km par jour, entre la Guadeloupe à 530km et la Martinique à 440km, notre Savoyard pédaleur semble avoir choisi l'option du " Marin ", port Martiniquais, qui lui assurerait une arrivée dans les huit jours, mais aussi une assurance de ne pas se voir reprendre par un courant Sud-Nord, si par hasard il envisageait les côtes Guadeloupéennes. C'est un Didier en pleine forme, à peine délesté de 4 à 5 kg, qui s'apprête à franchir en vainqueur la ligne d'arrivée. Grâce à la radio locale du Chablais, et de Charles son intermédiaire attitré, autre " Ange " des ondes, le capitaine de "My Way" a eu l'occasion et la surprise de pouvoir converser en direct avec sa maman, très émue pour la circonstance, sentant son fils si près et si loin à la fois. Dans cette dernière ligne droite, la cellule familiale semble être en ébullition, et les messages de sympathie et d'encouragements qui affluent régulièrement montrent à quel point Monsieur Didier Bovard, aventurier des temps modernes, fascine étonne et force l'admiration de chacun d'entre eux. Lecteur assidu, notre héros s'est encore offert la lecture d'un ouvrage au titre évocateur du moment : " La ligne verte ". Abandonnée par " Chocolat-noisette ", " My Way " est maintenant accompagnée par un cortège de 30 à 40 daurades, qui telle une garde royale, ouvrent la route fabuleuse des ultimes kilomètres.
 
  Semaine 13
13, le nombre ou le numéro que l'on évite, et que l'on assimile généralement à la non-chance, mais pour Didier il restera gravé comme celui de l'exploit. Après 13 semaines de mer, aux multiples péripéties, notre navigateur, héros Chablaisien de ce début de millénaire, vient enfin de toucher terre en Martinique après avoir rompu son pédalier à seulement 2 km du but. L'euphorie de l'arrivée ne doit pas faire oublier que ces derniers jours n'ont pas été une croisière, loin de là. Dans le ventre de "My Way", où la température avoisinait souvent les 38 degrés, l'homme en proie à une redoutable allergie à l'eau de mer devait lutter contre les démangeaisons, mais également se faire violence et se battre en permanence contre les courants afin de garder son embarcation sur le bon rail. De bons moments auront néanmoins agrémenté son quotidien comme l'observation de ce marlin pourchassant ses copines les daurades qui s'en remettaient à la protection sous-marine et maternelle de la coque de "My Way". Ces "Chocolat-noisette", baptisés ainsi par Didier lors de la précédente traversée, qui squattaient régulièrement le pont, et palabraient abondamment la nuit. Toute cette faune à plumes et à écailles a veillé jalousement sur cet aventurier descendu de ses montagnes, simple humain qui en aura parlé tout au long de son périple comme des créatures presque humaines. Deux de ses "anges" des ondes qui l'ont accompagné à tour de rôle dans son entreprise courageuse, d'autres anonymes de France et du bout du monde, notre radio locale du Chablais, et tous ceux qui, petits et grands, amis et famille, l'ont suivi au travers de la magie Internet: oui, tous ceux là sont fiers et heureux d'avoir pu communiquer, échanger et vivre au quotidien avec Monsieur Didier Bovard, le roi savoyard de l'Atlantique en pédalo. Chapeau bas, l'Artiste!!
 
  Préparatifs - 1
Après avoir convolé en parfaite harmonie pendant 88 jours sur un terrain plutôt humide, en compagnie de "My Way" le grand amour de sa vie, notre ami Didier Bovard rejoint sa douce moitié le jour de la Saint-Valentin. Laissée au repos forcé, "My Way" va reprendre des couleurs et se faire une beauté, car les Américains attendent désormais le célèbre couple de l'Atlantique. C'est avec un humour caustique que notre illustrateur a affûté ses crayons en imaginant les préparatifs de départ, prélude à la suite du long métrage commencé en 1995 du côté d'Evian, et qui doit prendre fin à Memphis, capitale du King Elvis Presley. Avant que les premiers coups de pédales ne soient donnés, Didier installera et testera deux nouveaux instruments, indispensables pour sa sécurité et pour ceux qui vont le suivre au bout de son rêve: un radar anticollision ainsi qu'une deuxième CB viendront prendre leur place dans la célèbre coque rouge.
 
  Préparatifs - 2
Le temps des allergies est de nouveau d'actualité et Didier voit déjà apparaître les premiers boutons de transpiration. A ces premières rougeurs, viennent s'ajouter les piqûres de redoutables petits moustiques appelés "Yins Yins" ou encore puces des sables. Cette mise en condition de l'épiderme, dont se serait bien passé notre savoyard, lui permettra le moment venu, de ne pas être pris au dépourvu quand il se retrouvera en mer. A part les 50 pompes du matin, la chaleur décourage notre navigateur qui délaisse sérieusement sa préparation physique. Les nuits rythmées par des concerts langoureux de chiens et de coqs, lui autorisent néanmoins le repos indispensable à l'épreuve qui s'annonce. Notre Montagnard consacre ses journées à chouchouter "My Way", afin que celle-ci soit bientôt prête à affronter les vagues de la mer des caraïbes et du Golfe du Mexique. Grâce à son ami Bernard, la radio de bord va prendre un sérieux coup de punch, donnant ainsi aux communications à venir la puissance d'un "boulet de canon". La coque fraîchement apprêtée arborera le logo "Vaincre la Mucoviscidose", cause pour laquelle Didier pleinement engagé, tentera d'en véhiculer le message jusqu'à Memphis.
 
  Le départ
Ce coup ci, c'est parti pour l'avant dernière ligne droite. En cette journée du 6 avril 2002, notre savoyard vient de rallumer la chaudière, pousser la manette des gaz et propulser "My Way" à l'assaut de l'étendue bleue qui le sépare du territoire des Etats-Unis. C'est par beau temps et une température de 32°, que Didier revêtu de sa tenue de capitaine "Cow-boy" au long cours s'est assis aux commandes de son célèbre pédalo, donnant fièrement ses premiers coups de pédales, alors que derrière lui commençaient à s'éloigner les rivages de la Martinique. Retardé de quelques semaines en raison d'une météo peu favorable, le grand jour est enfin arrivé, et notre montagnard des mers s'éloigne enfin de ces terres hospitalières. Il emporte dans son coeur le vibrant souvenir de sa première baleine sortant des flots, observée en compagnie des ses amis, mais aussi la douleur cruelle de la sauvagerie barbare du petit massacré pour la chair de sa mère. L'aventurier écrivain et poète prend enfin son envol, les yeux encore rougis par ces images implacables, par les restes d'une allergie tenace due à un ponçage délicat, mais également par une émotion grandissante remplie des parfums d'inconnu, d'espoir et d'affection. Tous ceux qui l'aiment et qui l'accompagneront jusqu'au bout des ses rêves les plus fous, parents, familles, amis, enfants, vont venir à nouveau consolider cette chaîne d'amitié dont Didier est si fier.
 
  Semaine - 1 - Les 7 premiers jours de navigation
La mer des Caraïbes n'est pas l'Atlantique, et Didier n'a pas tardé à s'en rendre compte. Après une première semaine de navigation plus que difficile passée à lutter contre un fort vent de Nord Est, des vagues courtes et croisées et un mal de mer heureusement en perte de vitesse, notre "Cow-boy" des mers , poursuit sa route, en essayant de maintenir le meilleur cap possible. Admirateur de l'arc naturel des Antilles, notre savoyard a semble-t-il voulu lui aussi tracer le sien, et c'est sans le vouloir qu'il en a dessiné un sur plus de 500 km entre la Martinique et le 65e Ouest. Galvanisé et piqué au vif par des messages "humouristico - caustiques" des membres de son équipe haut savoyarde, encouragé par les nombreuses signatures s'apposant sur son livre d'or, Didier semble avoir pu stopper sa descente vers le sud. La faune semble rester très discrète autour de "My Way", et à part une observation furtive d'un banc de dauphins et de quelques oiseaux pêcheurs, seule une mer grisâtre en ébullition rappelle au montagnard qu'il est en route vers les Etats Unis. Veillant sur lui en permanence, une joyeuse bande de camarades cibistes passionnés véhicule toutes les informations en provenance à destination de l'embarcation rouge, donnant ainsi à son capitaine l'impression de pédaler à domicile.
 
  Semaine - 2
Il nous semble qu'hier encore Didier rentrait de Martinique après son exploit sur l'Atlantique, alors qu'une année déjà nous en sépare. En ce moment, tel un métronome, il aligne les miles nautiques entre les grandes Antilles au nord et l'Amérique du Sud. Cette mer inconnue et difficile sur laquelle "My Way" se défend bec et ongles, vient d'offrir à notre savoyard son premier cadeau : l'illustre "Chocolat noisette", compagnon légendaire des deux traversées océanes est revenu squatter une partie de l'embarcation. C'est avec un immense bonheur que Didier a accueilli le retour du fils prodigue, faisant ainsi savoir au monde entier qu'il n'était désormais plus seul, et qu'il pouvait s'endormir la nuit venue en apercevant l'ombre des ailes de son compagnon au travers du vitrage de "My Way". Autre mer, autres dangers :le nouveau radar anticollision installé par ses amis martiniquais alerte régulièrement le capitaine Bovard de la présence de gros navires qui croisent sur sa route. Son sommeil réparateur ne peut être de plomb, car à tout instant il faut être prêt a bondir hors de la couchette afin de signaler sa présence et de prendre les décisions adéquates. Sous l'eau quelques barracudas commencent à se signaler, tout comme la vie qui s'installe sous la coque. L'aventure de notre montagnard semble rassembler de plus en plus de passionnés de radio, et c'est des quatre coins du globes qu'ils se manifestent en entrant en contact avec lui, directement ou via son site internet
 
  Semaine - 3
Encore une semaine de navigation difficile sur une mer désorganisée que notre savoyard commence à apprivoiser petit à petit, à moins que ce ne soit elle qui se décide enfin à l'accepter. L'image pleine d'humour que Didier donne de lui pédalant dans le sable et chaussé de chaussures de ski vient renforcer et souligner l'exploit physique et moral qui se dessine dans cette partie du périple. Il semble également que "Ondus Propagationus", le Dieu des ondes, ait décidé de se mêler de la partie en faisant son petit caprice nerveux, perturbant ainsi les communications si bonnes jusque là. Conséquence probable d'une violente crise d'urticaire de l'astre solaire, la mauvaise propagation n'a pas empêché "My Way" de recevoir et d'envoyer des messages, même à faible débit de décibels. Transitant par la Mauritanie, les impressions et les états d'âme du capitaine Cow-boy en plein rodéo sur les vagues des caraïbes, parvenaient néanmoins jusqu'à nous grâce à la passion et à la responsabilité quasi professionnelle de certains irréductibles cibistes soudés à l'aventure de Didier. Un instant accompagné par un petit squale et d'autres habitants marin, "My Way" se retrouvait bientôt seul livré aux caprices de la houle et de la météo, abandonné par un "Chocolat Noisette", peut-être en mal d'amour, et parti tenté sa chance ailleurs.
 
  Semaine - 4
Une semaine très pauvre en communications, et les contacts ressemblent beaucoup plus à une partie de ping-pong, voire de billard, entre les cibistes des différents continents qui suivent notre navigateur assurant ainsi la transmission de l'information. C'est du Canada, que notre ami Roger a pu nous faire parvenir quelques rares morceaux de l'aventure de Didier, nous expliquant grâce à l'aide d'un schéma textuel, les aléas tourbillonnants des émissions radio de ces derniers jours. Nous savons donc que notre savoyard lutte contre des vagues difficiles, mais que son moral ne faiblit pas d'un pouce, surtout depuis que les enfants des écoles, de retour de vacances scolaires, sont arrivés en renfort afin de soutenir leur héros par de multiples encouragements et des questions pertinentes. Au sud de la Jamaïque, et bien positionné dans l'axe du détroit du Yucatan, "My Way" semble parfois tout droit sorti de l'infiniment petit lorsqu'il croise des géants d'acier, qui parfois, n'hésitent pas à s'approcher pour s'assurer que tout va bien à bord. La mer reste cette étendue où les hommes de bonne volonté se respectent, et s'entraident.
 
  Semaine - 5
On savait ce parcours complètement différent de l'Atlantique, mais surtout beaucoup plus délicat et dangereux. Didier s'éloignant de plus en plus de nous, décalage horaire aidant, les contacts avec ses amis cibistes de France ont parfois bien du mal à s'établir, et l'information passe alors par le réseau du Canada, de la Martinique et de la Mauritanie. Le danger représenté par les cargos et les paquebots croisant dans la zone de navigation de "My Way" est bien contrôlé par l'équipement anti-collision , mais les récifs et les hauts fonds sont beaucoup plus redoutables et imprévus. Notre Savoyard s'est offert la frayeur de sa vie quand, ballotté par de méchantes déferlantes mettant le désordre à l'intérieur de l'embarcation, il s'est retrouvé échoué pendant quinze interminables minutes sur un récif. On imagine l'angoisse de voir tout s'arrêter en quelques secondes, le bateau déchiqueté, seul au milieu de l'élément déchaîné. Que s'est-il passé dans la tête de notre capitaine à ce moment précis, un film en accéléré, une pensée forte pour tous les siens, toujours est-il que "My Way" tel un cocon protecteur ne voulant pas s'avouer vaincu, s'est libéré du piège pour repartir de plus belle, gouvernail et propulsion quelque peu froissés, mais fier d'avoir gagné une nouvelle bataille. Epuisé mais heureux, Didier procédait alors à mi distance, aux traditionnelles bouteilles à la mer, remplies des précieux messages rédigés et confiés par les enfants des écoles.
 
  Semaine - 6
Le bon Neptune veille sans doute sur "My Way depuis le départ de Martinique, et l'incident du récif n'est déjà plus qu'un mauvais souvenir. Il semble que l'embarcation n'ait pas trop souffert de cet accostage involontaire, et bien que Didier ait eu la possibilité de faire une escale sur une île minuscule au large du Honduras, cela ne s'est pas produit, puisqu'il a décidé de continuer sa route de plus belle vers le détroit du Yucatan. Comme pour lui indiquer la voie, le ciel n'hésite pas à se parer d'un incroyable arc-en-ciel, et dans sa clémence, il l'autorise même à se laver la tête pour la première fois depuis son départ. Si Chocolat Noisette n'est toujours pas revenu, la vie s'est enfin installée sous la coque, où de très nombreux petits poissons accompagnent notre capitaine, également ravi de pouvoir observer ses premiers mammifères marins de belle taille comme ces globicéphales nageant à quelques encablures de "My Way". Le baromètre de son moral au plus haut, l'homme n'hésite pas à pousser la chansonnette sur l'air des "Copains d'abord" de Brassens, même si la chaleur quotidienne transforme l'intérieur en étuve, et si la nuit il doit être prêt à sortir hors de sa couchette à la moindre alerte. A bord, il reste encore un peu de Savoie sous la forme d'un délicieux miel, précieux cadeau embarqué lors du départ de Martinique, et que Didier déguste avec bonheur en contemplant un merveilleux coucher de soleil.
 
  Semaine - 7
Comme lors de ses deux précédentes traversées, le talon d'Achille de Didier est revenu au premier plan. En effet, le genou de notre navigateur, pièce maîtresse de la machine à faire avancer "My Way", a donné des signes douloureux, quand face à un vent contraire et une houle gênante, il a fallu batailler dur pour rester sur le bon rail. Mais hélas, alors que se présentait l'ouverture du détroit du Yucatan, "My Way" n'a pu contrecarrer les caprices des courants, et c'est tout logiquement qu'il s'est approché assez vite des côtes mexicaines, au grand désarroi de son capitaine qui se doutait des conséquences, que cette entrée dans les eaux territoriales de ce pays, pouvait engendrer. Quarante huit heures de tensions, et nouvel épisode Hollywoodien lorsque l'embarcation, alors plus proche que jamais des rivages du Mexique, se voit soulevée par deux, puis par une troisième déferlante qui le projette puissamment par dessus une barrière de corail. Dans ce fracas incroyable, où Didier pensait que "My Way" allait exploser, une fois de plus sa bonne étoile veillait sur lui sous la forme d'un plaisancier présent sur le secteur qui réussit à le dégager et à le remettre en pleine mer. Le front encore tout humide d'émotion, notre savoyard devait affronter quelques minutes plus tard, une vedette de la sécurité mexicaine venue à sa rencontre, et c'est en toute connaissance de l'arrivée de l'aventurier dans ses eaux, qu'ils le remettent sur la bonne route, après un petit contrôle de routine, quelques mots et quelques sourires. Ouf !
 
  Semaine - 8
Après 55 jours et plus de 3500km passés sur la mer des Caraïbes, notre savoyard vient de passer la porte du Yucatan pour se lancer à l'assaut du Golfe du Mexique, dernière grande étendue marine avant d'arriver à la Nouvelle Orléans, capitale de l'état de Louisiane. Cette traversée ne sera pas de tout repos, car "My Way" ne pourra plus signaler sa présence nocturne en raison de son de feu de mât défectueux, obligeant son capitaine à une vigilance accrue de jour comme de nuit, dans un secteur où le trafic est plus qu' important. Soucieux de vérifier l'état de l'embarcation après les deux épisodes coralliens, Didier a pu réussir une inspection du gouvernail et de l'hélice, et constater que seuls les ailerons de dérive avaient quelque peu souffert des chocs. Si la chaleur transforme toujours l'habitacle en sauna, la météo, par sa clémence, favorise une bonne remontée du Golfe, et notre navigateur sentant les proches rivages américains, entraîne quotidiennement son pédalier pendant plus de douze heures. Lee un nouvel ange a été envoyé sur le chemin de Didier pour le guider, l'accueillir et l'aider dans sa remontée à vélo vers Memphis. Admiratif de l'exploit entrepris, et soucieux de la présence d'une telle embarcation dans les eaux du Golfe, ce gentlemen envoyé par le ciel, a déjà averti les autorités maritimes de l'arrivée de l'aventurier, afin qu'il puisse, en toute sécurité, aborder la côte des Etats-Unis.
 
  Semaine - 9
A l'inverse d'un début de traversée assez difficile en raison de mauvaises conditions météorologiques, Neptune a décidé d'offrir à notre savoyard, une fin de parcours relativement clémente. Seule une lourde et pesante chaleur accompagne "My Way", obligeant Didier à s'alimenter plus que régulièrement en eau afin de résister à une très forte déshydratation. La jauge des réserves liquides embarquées arrive déjà dans le rouge, et du temps et des efforts sont indispensables afin d'actionner le dessalinisateur manuel, nécessaire à la fabrication d'eau douce. Après plus de 2 millions de tours de pédalier, le moral reste celui d'un homme de fer, néanmoins conscient qu'il lui faudra batailler jusqu'au bout pour maintenir le bon cap, celui qui le conduira jusqu'à Grand Isle. Entouré de compagnons à écailles et à plumes, "My Way" qui défend fièrement son honneur et sa réputation de roi de l'Atlantique, s'apprête enfin à apprivoiser les derniers miles qui le séparent du Delta du Mississipi. La vigilance sera le maître mot jusqu'au bout, car bien qu'aidé et guidé par Lee, son ange de Louisiane, notre capitaine est seul aux commandes habilité à voir, sentir et décider. Tous ses suiveurs, Cibistes, amis, familles, et enfants pédalent avec lui un peu plus fort chaque jour, leurs coeurs et leur pensées liés à l'unisson, avec la même force magique qui propulsera Didier jusqu'au bout de son rêve.
 
  Semaine - 10
GC 205 A, WD 326, non ces codes ne sont pas des appels radio, ni des identificateurs de cibistes mais des noms bien précis de plates-formes pétrolières au beau milieu desquelles Didier tente de se frayer un chemin. Annonciatrices de la proximité des Etats-Unis, elles rassurent notre capitaine tout en l'effrayant par leurs imposantes ossatures, et leur nombre très important dans ce secteur du Golfe du Mexique. La chaleur étouffante qui sévit dans "My Way", ainsi que les efforts soutenus ont eu raison de la réserve d'eau, mais la bonne étoile s'est encore manifesté sous l'aspect d'un paquebot de croisière, gentleman géant des mers qui n'a pas hésité a stoppé ses machines afin de venir apporter sa contribution à l'aventure. Livré à domicile, "My Way" est reparti, emportant dans ses flancs le précieux liquide, indispensable carburant anti-sécheresse, tandis que l"Olympia Voyager". continuait sa route, le pont encore rempli des passagers étonnés d'avoir aperçu un authentique et incroyable aventurier. Slalomant entre les derricks, la minuscule embarcation, emmène désormais notre savoyard vers des intersections maritimes grouillantes de coques lourdes et démesurées, qui une fois franchies, ouvriront la voie vers le delta du Mississippi, "Grand Isle" et la Louisiane.
 
  Semaine - 11
Il a voulu l'Amérique, et il l'a eue ! Incroyable individu que ce savoyard descendu tout droit de ses montagnes et qui vient de réussir un exploit tel qu'on les rêve parfois, au détour de quelques fabuleux récits d'aventures. Tel Armstrong foulant le sol Lunaire un certain jour de Juillet 1969, Didier Bovard, après avoir arpenté les premiers mètres carrés sur l'île de Timbalier, bien campée, quelque part au beau milieu d'une baie du Delta du Mississipi, est arrivé triomphalement sur sa "Base Américaine" de Grand Isle, où il put constater que l'hospitalité américaine n'était pas un vain mot. Escorté, tel les plus grands navigateurs, par les Garde côtes, il est entré seul dans le bassin de Grand Isle, à bord de son incroyable et fidèle "My Way". Alors que deux jours auparavant, il se trouvait dans un premier temps amarré fébrilement à une bouée, puis le lendemain prisonnier de terribles courants, herbiers, langues de sable ou autres dédales d'îlots, notre heureux capitaine, fatigué physiquement et nerveusement, avait décidé de porter l'estocade en se hissant jusqu'à Grand Isle. Au prix d'ultimes efforts, il pouvait enfin dévorer à belles dents, sa cerise, cadeau merveilleux, récompensant la témérité, le courage, la volonté, la passion, d'un homme simple et humble, pourtant au dessus du lot, non pas de la folie de l'inutile, mais bien au contraire au sommet du dépassement de soi, de la générosité dans l'effort et le mental. Merci Monsieur Bovard pour nous avoir emmené aussi loin dans votre aventure, et rendez-vous à Memphis.
 
  Epilogue
Après 7 années et 7 mois d'efforts incroyables, son rêve ou son pari fou d'aller d'Evian à Memphis à la seule force de ses mollets vient d'entrer dans la légende de ces grandes aventures où seuls des êtres humains, en apparence ordinaires, sont capables de dépasser toutes les limites de l'impensable. Arrivé en Louisiane le 21 Juin 2002, reçu et choyé par un ange envoyé du paradis, quelque peu gêné par un handicap linguistique, Didier a néanmoins réussi, grâce à l'aide combinée de ses nouveaux amis américains et de ses fidèles guerriers farouchement rivés au "PC Aventure", à trouver les moyens matériels nécessaires à l'accomplissement de l'ultime étape. Alors que le Tour de France venait de se terminer, notre intrépide savoyard, enfourchait une superbe machine digne des plus grandes étapes de légende, et se lançait à l'assaut des quelque 800 kilomètres le séparant de Memphis, tandis que son fidèle "My Way", allongé sur une remorque adaptée pour la circonstance, se préparait également à l'y rejoindre. Après d'émouvants adieux à son ami Lee, c'est tel un cheval fougueux qu'il avale plus de 180 kilomètres de bitume lors de la première étape, sur un vélo chargé comme une mule et par des températures caniculaires.
Que de péripéties croustillantes tout au long de ce parcours sur la route 51 : pont interdit aux vélos mais franchi sous l'oeil désabusé de policiers devenus suiveurs malgré eux, sommé de sortir du bivouac mains en avant comme un vulgaire malfaiteur, hébergé du bon côté des barreaux dans le bureau du shérif, frôlé en permanence par des automobilistes étonnés et surpris, ou encore menacé par des mâchoires dissimulées dans les hautes herbes du bord de route. Ultime récompense, lorsque le 5 août et sous un ciel larmoyant de joie, Didier ivre de bonheur, rejoint enfin Graceland, berceau du King Elvis. Signe du destin, et alors qu'il annonce fièrement et religieusement la nouvelle à ses proches, la première chanson qu'il entend à cet instant précis n'est autre que "My Way", et comme si tout avait été écrit par le meilleur des scénaristes, c'est en "Invité Spécial" qu'il goûtera aux fastes du célèbre "heartbreake Hôtel" pendant trois nuits. Dégustant chaque jour le bonheur d'être dans ces lieux mythiques, il ira chaque jour vouer admiration et respect à son idole, le remerciant inlassablement de lui avoir fait connaître tant de joie et d'émotion, mais par dessus tout de lui avoir donné la volonté et la foi d'aller jusqu'au bout de lui même.
Merci Elvis pour avoir guidé jusque vers toi notre vaillant capitaine, merci "My way" pour avoir protégé ton enfant en ton sein, merci à tous ces hommes et ces femmes qui ont veillé jour et nuit sur cet intrépide et pacifique guerrier, et merci à toi cher Didier, qui nous a permis de faire ensemble un fabuleux chemin, difficile, émouvant, voire surprenant, permis aussi de construire cette chaîne d'amitié qui te tenait tant à coeur, et qui fut sans aucun doute l'âme de ta bonne étoile.