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Shoah

Parce qu'ils en avaient décidé,
Dans leurs âmes et consciences,
Qu'ils ne devaient pas exister,
Qu'ils étaient sans importance.

Qu'ils devaient suivre leur étoile,
Sans jamais se retourner,
Se laisser porter par les rails,
Dans le ventre de wagons plombés.

Ils étaient, ils ne sauraient le dire,
Leurs yeux ne pouvaient les compter,
Mais ils savaient qu'ils allaient mourir,
Que c'était là leur destinée.

Ils n'étaient plus que des numéros,
Leurs noms avaient été souillés,
On les désignait pour l'échafaud,
Dernière marche pour être humilié.

Au devant de tant de souffrance,
Combien se sont mis à prier,
Pour qu'enfin vienne la délivrance,
Au-delà de cette mort annoncée.

Dans cette page de notre histoire,
L'humanité montra deux visages,
Le courage dans le désespoir,
La cruauté à l'état sauvage.

Un vent de révolte venu de l'horizon,
T'a mis à genoux force des ombres,
Souffle de Liberté sans rémission,
Anéanti tes jours les plus sombres.

Ami tu n'entendras plus jamais,
Le vol noir des corbeaux sur nos plaines...
Jusqu'au jour, où à nouveau on le sait,
Le coeur de l'homme se remplira de haine.

(Shoah. Copyright © Didier Bovard 2005)