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Comme l'hiver

Comme l'hiver on pense que je suis froid,
Ce qui vous fait hésiter à faire le premier pas,
Je suis né quand la nature est silencieuse, comme moi,
Au mois de janvier mille neuf cent soixante-trois.

Le vent glacial cette année là, balayait la vallée,
La neige elle, n'en finissait plus de tomber,
La vie s'endormait, engourdie près des arbres gelée,
Et plongeait dans les nuits féeriques sous un ciel étoilé.

A l'école j'étais loin d'être dans les meilleurs,
Toujours prêt pour la récré, toujours près du radiateur,
Les maths les dictées, j' me rappelle quel labeur,
J'étais pas le dernier pour c' qui est d'être rêveur.

Les années passèrent au rythme des saisons,
De la vie je découvrais, ses joies ses déceptions,
Après le lycée, j' me retrouvais dans les troufions,
C'était loin d'être le pied, pour tout dire c'était con.

Mais paraît-il que ça faisait les vrais hommes,
De ceux qui pour un rien ne tombaient pas dans les pommes,
Comme les soldats jadis qui se battaient pour Rome
Au temps où le grand Jules se prenait pour un sur-homme.

N'ayant pu gagner du fric en tapant dans un ballon,
J'ai fait mille et un boulots, pour tout dire sans passion,
De simple ouvrier à livreur dans un camion,
Le réveil toujours dur, souvent au son du clairon.

Des filles j'en ai connu, de celles qui m'ont bien plu,
Mais pas une n'a su comprendre, elles sont parties déçues,
Malgré nos nuits d'amour et de tendresse éperdues,
Elles ont fait leurs valises me laissant seul, un peu perdu.

Bien souvent on me dit que j'ai du caractère,
Je mentirais sûrement si je disais le contraire,
C'est vrai je suis comme ça, je n'aime pas me laisser faire,
On dit parfois, que ma tête est dure comme la pierre.

Il est vrai que souvent en regardant tous mes Amis,
Qui sentimentalement ont bien réussi leur vie,
Je rêve d'une âme soeur qui le jour comme la nuit,
Garderait mon coeur qui bat si fort quand il est épris.

Aujourd'hui encore je me prépare à repartir,
Vers d'autres horizons, d'autres terres à conquérir,
Comme les Soldats du Bien le feraient pour leur Empire,
Je vais me battre encore, même si je dois souffrir.

Si j'ai l'air froid d'apparence, pardonnez-moi encore,
Je suis comme la lumière du jour qui se lève à l'aurore,
Mais comme le dit le dicton, méfiez-vous de l'eau qui dort,
Sous ma glace il y fait bon, un coeur y bat très très fort.

(Comme l'hiver. Copyright © Didier Bovard 2002)